Retour à LES SKIPPERS DU YCPL A L’EXTERIEUR

Un membre du YCPL sur la 2ème marche du podium en IRC DUO de la MASSILIA CUP OFFSHORE.

A l’instar de la Massilia Cup inshore qui accueille de multiples séries pour un grand week-end de régate en rade de Marseille, la MASSILIA CUP OFFSHORE a pour ambition de réunir les différents jauges et types de bateaux taillés pour le large. Elle est organisée par le CNTL et accueillait la semaine dernière un plateau international de 44 bateaux (Mini 650, CLASS 40 et IRC Duo et IRC Solo).
Les années impaires, les parcours sont proposés vers la Corse avec une escale au port de Macinaggio, les années paires c’est vers l’Espagne avec une escale en plein cœur de la cité catalane Barcelona. La Classe Mini 6.50 conserve dans les deux cas un parcours de 500MN en solo.

https://www.cntl-marseille.com/actualites/un-plateau-international-pour-le-trophee-corsica-med-massilia-cup-offshore-908.htm

Un membre du YCPL a participé et vous raconte cette course de l’intérieur :

Dimanche 25 Juin, j’arrive à Marseille où mon ami d’enfance Philippe PERRIN m’attend car nous sommes inscrits en DUO IRC à la Massilia Offshore Corsica Med avec son A35 ARCHIMED basé au pôle course du CNTL.

Dimanche soir repas des équipages au CNTL club prestigieux du vieux port de Marseille.

Lundi matin, briefing météo dans une salle de conférence où l’on a l’impression de participer à la route de Rhum par le niveau de l’organisation.

Départ 13h00 avec les OSIRIS et CLASS40 vers une bouée de dégagement en rade nord sur une ligne immense bâbord amures, favorable sous le vent mais avec le risque de se faire masquer par les class40 qui nous rattrapent. Départ correct pour le A35 ARCHIMED vers une bouée de dégagement en rade Nord à laisser à bâbord.

Ensuite direction le phare du Planier à laisser à bâbord dans un Mistral naissant en hauteur mais quasi nul au sol. Fort vrillage des voiles obligatoire pour avancer dans ces conditions.

Au phare du Planier, pour l’envoi du spi, nous sommes derrière ARCHIBALD (le seul A35R – successeur du A35 – ayant existé donc proto chantier super optimisé). Durant l’envoi du spi je place ARCHIMED à son vent, nous le masquons pour le dépasser. Il ne nous rattrapera jamais.

A partir de là, direction la Giraglia en Corse. 

Le routage est très important. Avec l’application QTVLM, je prends les derniers fichiers météo tant que nous avons du réseau. Pas question de suivre sans réfléchir les consignes du routage. Il faut analyser les risques que le logiciel fait prendre. En effet, pour optimiser la distance, il nous fait tangenter une mole au milieu du parcours alors qu’il y a de la pression de Mistral sur la droite. Nous allons sécuriser notre route en restant suffisamment dans la pression à droite. Nous sommes parmi les concurrents les plus à droite sur cette route qui allonge vraiment.

Petit à petit le Mistral monte, Philippe prend du plaisir à la barre de son A35, nous avons une bonne vitesse et remontons petit à petit les concurrents sur  JPK 1010 et sur JPK 1030 (ces bateaux sont en ce moment les plus optimisés pour la jauge IRC et en conséquence sont menés par les meilleurs équipages)

La nuit approchant, le Mistral monte au-delà des 20 nœuds qui étaient prévus. Philippe stresse car nous sommes sous spi léger de tête.

Mon routage dit que le vent baissera vers 00h30. Il faut tenir avec ce spi.

Avant la tombée de la nuit, je prends le relais à la barre, et le vent monte à 30-32 nœuds. Le stress de Philippe monte pour son spi léger de tête. En plus il faudra empanner de nuit dans les vagues désordonnées. A 23h00 nous descendons les vagues avec 5 bateaux parfois très proches, nous les passons tous au vent y compris le JPK 1010 ILOGAN favori de ces épreuves en DUO IRC. Les pointes à 14 nœuds sont fréquentes. Pendant que les bi-safrans (JPK, Elan 350, J11s) contrôlent facilement leurs bateaux, j’ai l’impression de faire du rameur avec la barre franche du A35 mono safran et forcément plus exigeant.

23h30, la balancine de spi lâche, le tangon vient contre l’étai et la tête de spi de promène à droite et à gauche. Vrac monumental. Je suis épuisé et Philippe inquiet pour son spi donc nous décidons d’affaler. En affalant, Philippe me dit qu’il est déchiré.

Nous sommes démobilisés, car le vent doit baisser en seconde partie de nuit. Serons-nous les idiots qui naviguent sous spi de tête dans plus de 30 nœuds et sous spi de capelage dans le petit temps ?

Le spi de tête est stocké dans les toilettes, nous savons que nous finirons la course sous-toilé avec un spi de capelage. Épuisé, je vais dormir.

Nous avons passé la fin de nuit sous toilé, perdons probablement des places mais cette configuration imposée de bateau sous toilé me conforte pour le routage dans la pression sur la droite du parcours. Après des quarts de sommeil réparateurs, au petit jour, nous sommes à côté de SHAKA un solo IRC avec un Sun Fast 3300 hyper préparé (ancien bateau de Bernard MALLARET).

Avec peu d’espoir, nous cherchons à la lumière du jour les dégâts sur le spi de tête : il est intact !

Aussitôt ce spi envoyé en tête, nous déposons le Sun Fast 3300 qui ne nous reverra plus.

Toutes les variations de vent sont comme prévues par les fichiers, ainsi j’ai une grande confiance dans mon routage qui nous dirige presque vers Calvi.

Les premières données de réseaux arrivent au compte-goutte. Pas assez pour télécharger un fichier météo mais suffisamment pour recevoir la notification du groupe « WhatsApp famille » dans lequel j’apprends que nous sommes seconds derrière COCO un Elan 350.

Nous sommes boostés, le routage est top. Avant le départ, nous avions pris la décision d’être très rigoureux sur l’analyse et le suivi du routage sans nous laisser influencer par les options des favoris. Ce choix semble payer.

Plus tard, avec plus de réseau, j’arrive à me connecter au tracking des concurrents mis en place par le CNTL (tous les bateaux ont une balise GPS). Tous ceux qui ont pris le risque de tangenter la mole ont payé le risque qui va avec : 3 à 4 heures de retard !

Maintenant, nous ne sommes que 3 concurrents à pouvoir nous battre pour le podium : (dans l’ordre)

  • COCO un Elan 350
  • ARCHIMED (nous)
  • SAKIFO un JPK 1030

 

Jusqu’à la Giraglia le routage nous fait faire du VMG portant allure à laquelle le A35 excelle et que j’aime aussi. Donc le but est d’aller chercher la première place.

Nous savons que derrière la Giraglia il n’y aura pas de vent (des conditions à creuser des écarts en temps).

Tout se passe comme prévu, nous passons l’Elan 350, finissons dans un tout petit temps qui nous laisse penser que nos deux poursuivants du podium sont loin en temps. 

Hélas, un petit vent se lève lorsque nous approchons de la ligne, ce qui resserre les temps.

Donc nous finissons premier en temps réel sur la ligne de Maccianggio avec ces deux bateaux derrière à 7 et 17mn mais nous ne sauvons pas le rating avec l’Elan 350. 

Nous allons dormir heureux car nous avons éliminé pour le podium la majorité des concurrents sur l’ensemble de l’épreuve car le classement se fait sur le cumul des temps. A partir du 4ieme, ils ont plus de 3 heures de retard !

 

Le lendemain, discussion stratégie pour le retour avec Philippe :

  • Option 1 : Nous suivons le JPK1010 ILOGAN et les favoris qui vont certainement faire un superbe retour,
  • Option 2 : Nous faisons notre routage et appliquons la même rigueur et analyse qu’à l’aller Voir fig ci-après :

 

 

 

 

 

 

Le jour OFF à Macinaggio, je fais tourner plusieurs routages pour le retour. Certains de ces routages sont avec des paramètres, que sans doute certains coureurs n’exploitent pas, mais ils donnent un avantage de 1h30 sur la fin du retour mais avec un détour qui fait presque monter jusqu’à San Remo.

Le niveau est très élevé, avec des pros sur certains bateaux très préparés. Mais aucun complexe, nous allons essayer d’aller chercher la première place avec les informations que nous avons.

Ainsi, sur le parcours retour (départ à 6h00), nous montons très haut comme prévu. Ce qui me rassure sur mon routage, c’est que les class 40 (en visu devant) font comme nous ainsi que le Figaro 3 (en visu sous le vent). Tous des pros avec des abonnements Iridium et des routeurs à terre. C’est certain c’est la bonne option car là aussi tous les changements de vent arrivent comme prévu et nous aurons la confirmation (via WatsApp famille) que nous étions entre la 1ère et la 3ème place pendant toute la remontée vers le continent.

A 21h30, nous devons prendre la bascule de Mistral qui s’étale vers la Riviera. Ça marche pile à l’heure…mais les 12-17 nœuds attendus n’arrivent pas à rentrer. Plutôt 1 à 3 nœuds toute la nuit. En cause, l’orage qui nous suit toute la nuit avec des nuages et des éclairs tout autour. Ça finit par éclater au petit matin avec un gros grain, un ris et un affalage du J2 en catastrophe. Mais nous nous sommes traînés toute la nuit dans un Mistral bloqué par l’orage.

Ensuite nous démarrons et tout redevient comme prévu dans le routage mais nous avons pris tellement de retard durant la nuit à cause de l’orage que nous arrivons 67 mn après le 1er.

Cela dit, nous sauvons notre seconde place et montons sur la 2ème marche du podium en IRC DUO et nous sommes très fiers et satisfaits d’avoir terminé devant les favoris qui pourtant avaient des bateaux très bien préparés.

En plus du grand plaisir pris, qu’avons-nous appris ? :

1/ Je ne sais pas tenir compte des orages dans le routage. Saurai-je un jour… ?

2/ Mais nous avons pris de la confiance dans mes routages puisque les pros Class 40 et Figaro 3 sont passés au même endroit. Cette confiance nous aidera pour les prochaines courses offshores.

3/ C’est la première fois que nous avons suivi le routage avec une grande rigueur. Nous sommes certains qu’il faut continuer ainsi et ne plus nous laisser influencer par les choix des autres concurrents.

4/ Nous nous sommes démobilisés pensant avoir perdu le grand spi pendant quelques heures. Une fois de plus rien n’est fait avant l’arrivée et il faut rester motivé à bloc jusqu’au bout.

5/ Notre gestion du sommeil est bonne : nous dormons à tour de rôle y compris le jour pour accumuler du repos par tranches de 30 minutes à une heure.

6/ Le A35 est toujours compétitif en IRC.

Jean-Philippe CORBEFIN

 

PS 1

Philippe PERRIN est mon ami d’enfance que certains membres du YCPL connaissent : après avoir beaucoup navigué avec moi il a possédé Gudhull un Sun Fast 32 au YCPL. Ce bateau est resté au YCPL et participe toujours aux régates.

Depuis Philippe a basé son nouveau bateau, un A35, au pôle course du CNTL à Marseille et nous faisons ensemble deux courses par an en duo IRC :

  • La Massillia offshore fin juin (alternativement DUO MAX+ ou CORSICA MED suivant les années paires et impaires). Cette course nécessite un bateau et un équipage conforme RSO3 donc la logistique pour participer est vraiment lourde.
  • La QUADRA SOLO DUO MED fin août. La seule contrainte pour participer est de posséder un certificat IRC. C’est vraiment la course que nous préférons avec une intensité et un niveau très élevés. Je conseille à ceux qui se posent la question d’y participer de la faire.

 

PS 2

Je conseille l’application QTVLM pour le routage et la cartographie. Elle est très évoluée. Il faut bien lire la notice pour comprendre le fonctionnement mais les possibilités sont immenses. Elle existe sur PC (gratuite) et sur smartphones et tablettes (50€ de mémoire)

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